Portrait d’une vieille femme

Le visage de cette vieille dame était sans âge depuis bien longtemps. Le temps, perfide, s’était amusé au fil des ans, a faire disparaitre  ses beaux traits d’autrefois. De grands et profonds canyons attiraient  un peu plus chaque jour son visage vers sa chute. Ils se déversaient en un double menton fripé, disparaissant dans l’isthme de sa poitrine desséchée. De sombres taches brunes, cyniquement appelées « fleurs de l’âge », poussaient allégrement dans ce terreau aride. Certaines avaient pris tant d’ampleur quelles semblaient vouloir se rejoindre, pour ne plus former qu’un triste masque.

Son front, porté si haut autrefois, présentait une puissante barrière de rides, voulant comme interdire l’entrée a toutes nouvelles pensées. La vie lui avait suffisamment empli l’esprit de tant de souffrances, qu’elle avait décidé une fois pour toute de n’être plus sensible à rien. L’usure de ses cils et sourcils accentuait son regard perçant porteur de son ultime puissance.Ses petits yeux noirs, deux petites billes d’acier, se plantaient en vous et sans rien dire, vous donnaient d’un coup  l’estocade «  laissez moi tranquille », quand ce n’était pas « foutez-moi la paix ».

Sa bouche, ou ce que l’on pouvait encore en deviner, se résumait à un fil horizontal, qu’une ultime amère volonté tenait furieusement soudée. Mais un réflexe de mastication permanant accusait la perte de ses dents, creusant encore plus ses maigres joues. Ses grandes oreilles, qu’elle avait passé sa vie à cacher sous son imposante chevelure, prenaient leur revanche. Ses cheveux, devenus clairsemés leur permettaient de retrouver enfin toute leur liberté. La vieille dame autrefois si coquette n’en souffrait pas, car cela faisait bien longtemps qu’un miroir ne l’avait éclairé.

Si vous lui parliez, après quelques instants d’un grand effort d’attention, n’entendant plus, elle reposait très vite sa tête sur son épaule, quittait votre regard, et fuyait sur des rives connues d’elle seule. Elle sentait ses souvenirs disparaître jours après jours dans un trou noir cosmique, qui bientôt l’engloutirait totalement, elle en était sure.Les soins journaliers dont elle profitait, étaient souvent les seuls contacts humainslui rappelant encore les bienfaits d’une attention respectueuse. Son esprit essayait désespérément, dans ces instants la, de se raccrocher a la vie, de renouer un contact avec ceux qui l’entouraient. Mais une fatigue, immense comme un océan l’engloutissait à chaque fois, la faisant battre en retraite, gardant son ultime force pour respirer encore. Et en silence, sans rien dire, résignée, elle n’attendait plus qu’une seule chose, que tout s’arrête enfin….

Solizé.

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